L’ange de Dominique

La rédaction de cette nouvelle, entreprise en tout début de carrière(1938), sera complétée six ans plus tard(1944). On pourrait y voir là l’indice d’un intérêt soutenu de l’auteure pour ce projet. Ecrit concurremment au recueil Les Songes en équilibre(1942), ce texte patiemment travaillé se donne lire à la fois comme une allégorie de l’écriture et un art poétique. C’est à travers le jeu des figures de balance et d’équilibre propres à la danse que se révèleront au lecteur attentif les fondements de cet art poétique.

Cette nouvelle raconte l’histoire de Dominique, une adolescente qui habite, avec son père et sa tante Alma, une maison à flanc de falaise dans un de ces petits villages maritimes. Depuis cet événement inattendu et inexplicable – quoique survenu peu de temps après la mort de sa mère – qui l’a rendue paralysée des jambes, la vie lui semble n’être que tristesse et monotonie. Un jour qu’elle est à lire dans le jardin situé derrière la maison, Dominique aperçoit un jeune garçon qui descend de la falaise en sa direction. Avec une aisance déconcertante, et comme s’il venait de tomber des nuages, le voilà qui aboutit bientôt dans sa cour. Peut-être à cause du caractère particulièrement insolite de cette situation, il s’établit d’emblée entre cet  » ange  » et Dominique une sorte de complicité tacite. Dominique est surtout séduite par le « timbre mat » de sa voix, son « accent bizarre », sa « grande aisance de parole » et sa « parfaite grâce de geste ». Tout en Ysa lui parle d’un monde étrange et fascinant.

Dominique en viendra à pénétrer le secret de son univers par une observation attentive du personnage. S’ensuivra son implication profonde dans l’aventure qu’il lui propose, soit d’arriver à vaincre son handicap et de danser comme lui-même sait si bien le faire. Elle pourra dès lors quitter sa cour pour aller s’accomplir dans une dernière danse devant la mer. Mais elle mourra d’épuisement après avoir franchi la limite physique des forces humaines à l’instigation de son mentor.

* Cette nouvelle a fait l’objet d’une analyse détaillée dans le cadre d’une thèse de doctorat, intitulée  » Poétique d’Anne Hébert : jeunesse et genèse « , par Robert Harvey.

Tous droits réservés © 1998 Robert Harvey

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