Les années de jeunesse

Anne Hébert est née le 1 août 1916 dans une maison de campagne louée par ses parents pour l’été à Sainte-Catherine-de-Fossambault (aujourd’hui Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier), un petit village situé à 40 kilomètres au nord-ouest de Québec. Des cinq enfants à naître dans cette famille, quatre survivront: Jean, Marie, Pierre et Anne, l’aînée. Par contre, Marie mourra plus tard à l’âge de 29 ans.

Son père, Maurice Lang-Hébert, d’origine acadienne, travaille alors comme employé du gouvernement provincial. Il devient plus tard directeur de l’Office du tourisme et responsable des Visites interprovinciales. Poète et critique littéraire respecté, membre de la Société royale du Canada, il saura créer dans le milieu familial une ambiance favorable à l’éclosion du talent de sa fille.  » Il s’intéressait surtout aux livres québécois « , dit Anne Hébert. Les livres dont il parlait à la radio, je les lisais. A ce climat, s’ajoutaient toutes mes lectures d’enfance: Andersen, Green, Dickens, Poe, sans oublier la Comtesse de Ségur « .

Anne Hébert est de descendance noble par son grand-père maternel, Eugène-Etienne Taché, l’architecte du parlement de Québec, dont l’aieul, Achille Taché, fut seigneur de Kamouraska. « Ma mère, quand j’étais petite, me racontait l’histoire de Kamouraska, pas comme moi je l’ai racontée bien sûr ». Cette ascendance noble se retrouve également du côté de sa grand-mère maternelle, Clara Duchesnay, fille de l’Honorable Antoine Juchereau-Duchesnay, député fédéral et seigneur de Sainte-Catherine-de-Fossambault. C’est cet arrière-grand-père qu’ont en commun Anne Hébert et son petit-cousin Hector de Saint-Denys Garneau, puisque leurs mères, Marguerite-Marie (Duchenay-Taché) Hébert et Hermine (Duchesnay-Prévost) Garneau étaient cousines. Cette filiation rattache également Anne Hébert au poète Alfred Garneau (1836-1904), fils de François-Xavier Garneau (1809-1866), auteur de la première Histoire du Canada (1851) et président de l’Institut Canadien (1857).

Au cours de son enfance et de son adolescence, Anne Hébert passe ses étés à Sainte-Catherine, parfois à Kamouraska chez sa grand-mère Duchesnay-Taché, et ses hivers à Québec. Les souvenirs de cette époque heureuse, associés aux paysages de mer, de rivière, de campagne et de forêt, imprègnent son oeuvre. D’abord intermittents, les étés à Sainte-Catherine se feront plus réguliers à partir de 1927, au moment où ses parents commencent à faire construire une maison sur une pointe de terre surplombant la rivière Jacques-Cartier, propriété de l’ancien domaine seigneurial. « Petit à petit, la maison se fait et nous grandissons avec elle ».

Tout près, il y a le manoir de ses ancêtres Juchereau- Duchesnay où sa mère a passé une partie de son enfance, habité alors par la famille Garneau. Vers 1932, se développe une amitié entre Anne Hébert et Hector de Saint-Denys de quatre ans plus âgé. Ensemble, aidés de leurs frères et soeurs, ainsi que de leurs amis, ils montent des pièces de Labiche et de Molière à la salle paroissiale pendant six étés consécutifs. Cette amitié exercera une influence bénéfique sur le développement de la sensibilité d’Anne Hébert. Saint-Denys Garneau, engagé à l’époque dans la rédaction d’un recueil de poèmes, Regards et Jeux dans l’espace(1937), lui fait connaître quelques poètes qu’il était alors « un des rares à lire »: Eluard, Supervielle, Claudel, Reverdy et Ramuz.

La vie à Québec apparaît pour elle plus contraignante. « Je m’y sentais un peu prisonnière, séparée du rythme des saisons. J’aurais voulu toujours vivre à la campagne ». La basse ville, la haute ville, les allusions dans les conversations à la généalogie des habitants de la vieille ville: tout y est trop guindé, structuré, hiérarchisé. Elle fait une partie de ses études primaires chez les Soeurs du Bon-Pasteur et ses études secondaires aux collèges Notre-Dame-de-Bellevue et Mérici.  » J’ai eu une institutrice privée jusqu’à l’âge de onze ans « , dit-elle,  » non pas parce que j’étais malade, mais parce que c’était la coutume[dans la famille de sa mère]. Ce qui fait qu’arrivée à l’école, j’étais complètement perdue et d’une timidité folle ».

 

 


Sources bibliographiques

Pierre Pagé, Anne Hébert, Montréal, Fidès, coll. Ecrivains canadiens d’aujourd’hui, 1965.

René Lacôte, Anne Hébert, Paris, Editions Seghers, coll. Poètes d’aujourd’hui no 189, 1969.

Antoine Prévost, De Saint-Denys Garneau, l’enfant piégé, Montréal, Boréal, 1994.

Dossier de presse : Anne Hébert (1942-1989), Séminaire de Sherbrooke, 1989.

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